Jean Tinguely, né à Fribourg le 22 mai 1925 et mort à Berne le 30 août 1991, est un artiste plasticien Suisse. « Jean dégage une énergie électrique ; dès qu'il rentre dans une pièce il remplit l'espace ». C'est ainsi que commence le portrait de Tinguely brossé par Niki de Saint-Phalle.
Né à Fribourg, il grandit à Bâle, dans les bois de laquelle il réalise ses premières oeuvres méta-mécaniques : des roues hydrauliques construites sur des ruisseaux avec des effets sonores. Il a une enfance sombre, rythmée par les réactions imprévisibles d'un père autoritaire et d'une mère instable, et le traumatisme issu du bombardement aveugle de Bâle.
Il fréquente l'Ecole des Arts appliqués de Bâle. D'après les descriptions de Daniel Spoerri, les compositions réalisées par Tinguely témoignent, par la liberté même de leur exécution, d'une audace et d'un pouvoir magique extraordinaire.
Tinguely pourtant ne montra aucune de ces créations au public. On sait qu'il exécuta de nombreuses peintures à l'huile, à propos desquelles il explique : "Je pouvais continuer sur une peinture pendant des mois, jusqu'à usure totale de la toile : racler, revenir, sans laisser sécher la peinture ! C'est impossible pour moi ; je n'arrivais pas à, disons, décider : Voilà, c'est terminé... C'est à partir de là, au fond, que le mouvement s'est imposé à moi. Le mouvement me permettait tout simplement d'échapper à cette pétrification, à cette fin.".
Ses sculptures évoluèrent vers des sortes d'oeuvres d'art totales, sollicitant simultanément plusieurs sens : la vue, l'ouïe, le toucher et parfois même aussi l'odorat lorsqu'il y avait émission de fumées.
Il aide aussi sa femme Niki de Saint Phalle à réaliser ses oeuvres, comme Les Tirs ou la Fontaine Stravinsky.
Tinguely possédait le don infaillible de provoquer l'attention des passants et d'établir ainsi une communication par l'emploi de mécanismes familiers qu'il détournait de leur sens et de leur finalité quotidienne. C'est un sculpteur qui, avant tout, utilise des matériaux de récupération auxquels il redonne vie en utilisant des moteurs pour les animer. Il remet en question l'académisme de l'art. Ses machines, consciemment imparfaites, refusent le culte de l'objet neuf produit par une société de consommation, culte pourtant omniprésent pendant les Trente Glorieuses.
Dans une société où la machine est de plus en plus présente, il l'introduit dans l'art en montrant son aspect ludique et inutile. Tinguely est un maitre incontestable, dont l'oeuvre compte parmi les manifestations les plus vivantes de la sculpture du XX e siècle.