La Galerie Natalie Seroussi et la Galerie MAGNIN-A s’associent pour montrer trois artistes Congolais de Kinshasa : Bodys Isek Kingelez, Moke et Chéri Samba.
Ces trois artistes ont traversé tous les changements politiques de leur époque. Ils ont grandi au Congo belge, sont devenus des peintres reconnus pendant que le pays prenait le nom de Zaïre, et ont vécu la naissance de la République Démocratique du Congo. Au coeur de ces espoirs et de ces tourments, ils ont créé des œuvres singulières qui se répondent au point de former un trio artistique. Moke a tenu la chronique des rues de Kinshasa en mêlant avec virtuosité la précision du regard de l’ethnologue à la joie de peindre. S’il est l’auteur d’une véritable sociologie de la vie quotidienne des congolais, les tonalités de sa palette font entendre le tumulte des ports, des marchés et des bars de la capitale. Pour reprendre l’expression chère à Chéri Samba les tableaux de Moke nous crient eux aussi : « J’aime la couleur ».
Chéri Samba, est aujourd’hui l’artiste congolais le plus connu, et le seul survivant de cette génération, il se distingue cependant de Moke par son engagement politique. Dans ses oeuvres, le texte vient souvent expliciter volontairement l’image afin de délivrer toujours un message sinon un oracle. Le partage des tâches entre ces trois artistes est presque parfait. Moke décrit la situation, Chéri Samba la dénonce et Bodys Isek Kingelez imagine le futur. Dans ses maquettes de villes imaginaires, Kingelez projette l’image d’une Afrique moderne, prospère et forte. En utilisant le plus souvent des matériaux de récupération pour construire ses bâtiments utopiques, il rappelle aux congolais qu’ils peuvent eux aussi être maîtres de leurs rêves. Chacun à leur manière, ces trois artistes livrent donc une oeuvre inséparablement esthétique et politique. Pionniers de la scène artistique congolaise ces « Kings of Kin », sont les véritables gardiens de l’indépendance de leur pays. Tandis que la roue de la vie politique tourne, leurs œuvres se déploient toujours davantage. Ils sont présents dans les plus grandes collections privées et publiques, dont celle du MoMA de New York, qui a consacré une rétrospective à Kingelez à l’automne 2018. Et si la question de savoir pourquoi et comment la Galerie Natalie Seroussi, spécialisée dans l’art moderne, s’est associée à la Galerie MAGNIN-A, spécialisée dans l’art contemporain africain, vous brûle encore les lèvres, C’est tout simplement pour clamer haut et fort que Moke, Samba et Kingelez sont devenus des artistes modernes et sont toujours nos contemporains.