Dès ma première rencontre avec les oeuvres de Georges Jeanclos dans les années 1980 «les dormeurs», je fus captivée par leur douceur et la sérénité que ces sculp- tures provoquaient en moi.
Je ne connaissais rien de son travail qui me semblait hors de l’histoire de l’art contemporaine mais que je sentais être son histoire, un vécu singulier, le récit d’une réparation, d’une résilience, d’un exorcisme.
Il y a quelques mois, je fis une visite dans l’atelier de son fils Marc à Meaux et je re- trouvais cette même sensation avec les « urnes », sortes de boîtes en terre, ficelées, certaines couvertes d’écriture hébraïque, de psaumes, renfermant des souvenirs, de la tendresse, de la mémoire, de la vie. Et puis, des personnages apparaissent et sortent petit à petit de cette chrysalide, de ce cocon pour se lever et exister. Cette fragilité de la terre épouse le sujet autant qu’une force secrète s’en dégage. Je pense aux personnages de Thomas Schütte qui eux aussi vivent et racontent une histoire, à David Hammons qui questionne les conséquences de l’esclavage sur la mémoire collective. Georges Jeanclos questionne son appartenance au judaïsme, à la morale éternelle, à la beauté, à la nature.
Le sommeil est un refuge pour combattre et se libérer. Il dévoilait «je suis dans moi même».
Natalie Seroussi