Le titre de l’exposition, dont les sonorités évoquent la science-fiction, fait référence à la fois à l’une des pratiques sculpturales de l’artiste (« extruder » signifie « donner une forme à un matériau en le contraignant ») et à l’un des matériaux de prédilection qu’elle utilise : le polystyrène extrudé.
Née en 1953 à Floirac (France), Anita Molinero est diplômée en 1977 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille. Son travail est exposé dès la fin des années 1990 dans plusieurs grandes institutions (telles que le MAMCO, Genève ou Le Consortium, Dijon). Elle a également réalisé des commandes publiques notamment pour la Ville de Paris et la région Ile de France avec l’arrêt du tramway de la porte de la Villette en 2012. Tout au long de sa carrière, elle n’a cessé d'enseigner dans différentes écoles des beaux-arts en France.
Anita Molinero est l’une des rares artistes françaises de sa génération à s’exprimer exclusivement à travers la sculpture. Souvent monumentales et chaotiques, ses oeuvres défigurent des objets usuels et des matériaux triviaux : poubelles, tuyaux d’échappement, fers à béton, polystyrène extrudé et autres rebuts de la société de consommation. Elle transforme la matière dont elle parvient à déployer toute la brutalité et l'instabilité.
Le parcours de l’exposition, principalement chronologique, est pensé en deux parties.La première, rétrospective, s’articule autour des gestes caractéristiques du travail d’Anita Molinero. La seconde est, quant à elle, dédiée aux nouvelles oeuvres, qui ancrent son travail dans un univers futuriste.
En écho à la quarantaine d’oeuvres présentées dans les salles d’exposition, d’autres espaces du musée - notamment le bassin de l’esplanade entre le Palais de Tokyo et le Musée d'Art Moderne - seront investis par des installations monumentales. En complément, la projection d’un film expérimental tourné en 3D, intitulé Extrudia 3D et réalisé par José Eon, présente sous la forme d’une fiction le travail d’atelier d’Anita Molinero.
Un catalogue français, richement illustré, confronte plusieurs points de vue complémentaires, de théoriciens et d’acteurs du monde de l’art. Il repositionne le travail de l’artiste dans l’histoire de l’art et dans le monde de l’art actuel, à travers les essais d’Anne Giffon-Selle (directrice de CRAC 19 Montbéliard) et de Paul Bernard (conseiller scientifique de l’exposition et conservateur au MAMCO Genève). En complément, un entretien entre l’artiste et Olivia Gaultier-Jeanroy (commissaire del’exposition) aborde la problématique du devenir de la sculpture. L’aspect spécifique de la pratique d’Anita Molinero est aussi abordé grâce au texte de Stéphanie Cherpin (artiste), et ses fortes influences cinématographiques y sont rapportées par Eugénie Filho (critique de cinéma). Enfin, les essais sont ponctués par le regard de trois personnalités sur une oeuvre d’Anita Molinero : l’artiste Nina Childress, la collectionneuse Natalie Seroussi, et l’auteur Alain Damasio.